vendredi, octobre 11, 2024
Préoccupations

Touche pas à ma forêt

Touche pas à ma forêt

Certains s’émeuvent ces jours ci de voir fleurir des tas impressionnants de billes de bois sur les bas-côtés des routes forestières et de grandes étendues privées de végétation dans la forêt. La presse s’en est fait l’écho (ici ou ).

Il ne leur en  faut pas plus pour prétendre au massacre de la forêt par l’ONF.

 La situation est certainement moins extrême.  La forêt de la Coubre est un massif forestier appartenant à l’État et géré par l’Office National des Forêts. A ce titre l’ONF a des engagements :

  • Le premier est d’avoir une gestion équilibrée : la forêt doit rapporter de l’argent. Pour la Coubre, trois sources de revenus : la chasse, certains campings et … le bois. Même si ce n’est pas son rôle premier, notre forêt est une forêt de production. Ce qui signifie coupe d’arbres.
  • L’ONF est certifié (écocertification PEFC et ISO 14001) et à ce titre s’engage à gérer durablement les forêts sous sa responsabilité, c’est-à-dire de faire des coupes raisonnées qui ne mettent pas en péril le devenir de la forêt.

Le premier rôle du massif forestier est un rôle de protection : n’oublions pas que cette forêt a été pour sa plus grande part créée par l’homme au 19 ème siècle pour contenir l’avancée des dunes de sable vers l’intérieur de la presqu’ile d’Arvert. On a tendance à l’oublier aujourd’hui, mais sans couvert végétal, le sable reprendrait son envahissement.

Ce rôle de forêt de protection est structurant pour les parcelles exposées. Sur celles-ci, pas question d’aligner les pins, la végétation doit être dense, étagée, irrégulière. C’est la forêt que nous aimons tous, avec ses genêts, ses chênes verts et ses grands pins. Là les arbres sont récoltés au coup par coup.

Mais une grande partie de la forêt est plantée en futées régulières de pins maritimes. La durée de vie de ces pins est fixée à 80 ans. Tous les 12 ans, les forestiers procèdent un éclaircissement : certains arbres sont identifiés (martelage) pour être coupés de façon à permettre un développement plus harmonieux et plus productif pour ceux qui restent.  Jusqu’aux années 2000, les feuillus étaient éradiqués, ce n’est plus le cas maintenant.

Arrive l’anniversaire fatidique des 80 ans (ou de la date programmée de la récolte) : dans les futées régulières, la méthode est de tout récolter, feuillus et pins. Le promeneur a alors devant lui une parcelle nue. Si les pins abattus étaient fertiles et si le sol est propice, la parcelle peut être laissée en régénération naturelle, les graines germeront, les forestiers veilleront à ce que les jeunes pins ne soient pas étouffés, et le processus d’éclaircissement tous les 12 ans reprendra. La parcelle se confondra  rapidement avec les alentours.

Malheureusement, cette solution où  on laisse Dame Nature faire le travail ne marche pas toujours. Pour différentes raisons, la germination ne se fait pas, ou de manière très insuffisante, ou bien les grands animaux se délectent des jeunes pousses. Dans ce cas, c’est l’horreur pour le promeneur, sa forêt est labourée, ou même broyée … avant qu’un semis de main de l’homme ne soit fait.  Là il faut patienter plus longtemps pour retrouver un paysage habituel.

Il est clair que pour la biodiversité de la parcelle, ce n’est pas la solution idéale. Les habitats sont détruits et le sol est bouleversé. L’ONF prétend qu’ils n’ont pas d’autres solutions …

L’autre reproche est de ne pas laisser suffisamment d’arbres morts sur pieds, alors que ceux ci procurent des abris précieux notamment pour les oiseaux cavernicoles. Peut-être que l’adoption du DOCOB Natura2000 qui finira bien par arriver un jour, les incitera à infléchir leur politique.

Concernant la surface de coupe, il faut relativiser le phénomène : la forêt est gérée par un plan de gestion qui définit strictement les surfaces à couper chaque année. Ce document d’aménagement forestier est consultable à cette adresse.

Alors que l’évolution du trait de côte suscite tant de craintes, il faut aussi souligner le rôle essentiel de l’ONF vis à vis du littoral dunaire: dunes “blanches”, au plus près de la plage, puis dunes “grises”, proches de la forêt, sont ensemencées, protégées et maintenues par l’ONF.

L’émotion manifestée par certains amoureux de la  forêt  incitera sans doute l’ONF à minimiser autant que faire se peut ces opérations de broyage et à communiquer davantage afin que le public soit associé et comprenne la gestion forestière. Il est prévu une réunion d’information en mars, nous vous tiendrons informés.

 

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